Diagnostic technique immobilier : quel poids dans une vente en 2018

Le dossier de diagnostic technique immobilier, et derrière lui le diagnostiqueur, continuent-ils à être perçus par le consommateur  comme étant le grain de sable pouvant être à l’origine d’un report de vente ou pire, d’annulation de ladite vente ?

En cause le plus souvent, et utilisé comme argument de négociation tarifaire par l’acquéreur, le diagnostic de performance énergétique…et la loi Carrez !

Circumflex, à souhaité à l’occasion des dix ans de la mise en application de la certification dans le monde du diagnostic immobilier, donner la parole au notariat par la voix de Pierre Bazaille, ex-président de l’Institut Notarial de Droit Immobilier (INDI) et membre fondateur de la base immobilière PERVAL

Circumflex : Que signifie pour vous notaire, le fait d’avoir en interlocuteur une population certifiée à l’heure ou cette profession fête les dix ans de cette obligation réglementaire?

Pierre Bazaille : Je crois qu’il est important de rappeler que c’est finalement le notariat qui est à l’origine de cette demande visant à ce que la profession de diagnostiqueur puisse être certifiée.
Nous nous sommes inquiétés, avant 2008, d’une situation, où trop souvent, exerçaient vous me pardonnerez, un petit peu de tout. Cela passait du chômeur en reconversion aux « professionnels » incapables de produire une attestation de compétence, ce qui fait que de par la loi, nous ne pouvions valider parfois aucune pièces.
Aujourd’hui, les relations se sont détendues, de part la mise en œuvre de cette certification et, le plus souvent, le notaire privilégiera la relation de proximité ou la renommée des réseaux nationaux.

Circumflex: On assimile le notaire à un rôle, celui de collecter les pièces inhérentes au rapport de diagnostic. Comment le vivez-vous dans votre quotidien ?

Pierre Bazaille : Le consommateur immobilier est dubitatif devant la complexité des rapports et je dirai, et c’est ici un paradoxe, que trop d’informations tue l’information.
J’observe que nos clients comme nos confrères aiment le concret, soit la photo qui va illustrer le défaut constaté sur un bien immobilier.
Ensuite, il y a une sensibilisation sur les différents diagnostics qui, avec le temps, ont pu changer. Par exemple, le plomb n’émeut pour ainsi dire plus personne alors que l’amiante, de par sa nature « médiatique » interpelle.
Les diagnostics dits de sécurité n’ont pas non plus la même « cotation », les personnes feront plus attention au gaz et s’attarderont moins aux problèmes engendrés par l’électricité.

Et puis il y a le DPE, très contreversé, bâclé encore par nombre de professionnels, qui lui continue à alimenter bien des polémiques. Je dirai que c’est ce diagnostic qui influe le plus souvent sur le niveau des prix avec ensuite le métré Carrez.

Circumflex: La carrez n’est pas un diagnostic et cependant, alors que le prix du mètre carré s’envole en France, ne fait toujours pas l’objet d’une certification. Cette situation est-elle normale pour vous ?

Pierre Bazaille : Vous avez raison sur ce point car, compte tenu du prix du mètre carré notamment dans les principales villes françaises, les problèmes restent fréquents. Mais soyons là aussi clair : la profession privilégiera, de par la nature de l’enjeu financier, le géomètre expert pour intervenir sur une Carrez plutôt qu’un diagnostiqueur.
C’est ce qui explique en partie l’absence de pression du notariat auprès des Pouvoirs Publics quant à la question d’une éventuelle certification pouvant concerner les diagnostiqueurs sur cette spécialité.